Après les succès des albums de Robert Plant et Alison Krauss et de la BO de „O Brother, Where Art Thou”, enregister un album country sous l’égide de T-Bone Burnett peut paraître suspect. Ce reproche ne peut pourtant s’appliquer à Costello. Son accointance avec Burnett et la country remonte au milieu des années 80 et l’album “King Of America”. Les deux hommes ont renoué en 2006, se produisant sous le nom de The Coward Brothers, jusqu’à ce que l’année dernière Burnett enferme Costello dans son studio et l’entoure d’éminents musiciens, officiant au banjo, à la mandoline, à l’accordéon, au violon ou au dobro. Le resultant est probant. L’habillage de Burnett confère aux chansons une homogénéité qui aurait pu faire défaut. Costello a en effet puisé dans un stock heteroclite pour dégager les treize chansons du disque : vielles compositions revisitées, comme “Complicated Shadows”, ou “Hidden Shame” enregistrée par Johnny Cash, morceaux écrits pour un opéra inachevé sur le contour danois Andersen, et nouveaux titres, dont deux écrits avec Burnett. Tout cela s’assemble très bien, suivant trois mouvements: les cinq premiers morceaux sont les plus enlevés et immédiats, à l’image de “My All Time Doll”, l’un des bijoux du disque ; de la plage six à la plage neuf, l’ambiance est plus contemplative, trop certainement sur le dispensable “I Dreamed Of My Old Lover”; et le final, comprenant “From Sulphur to Sugarcane”, l’épique “Red Cotton”, le duo avec Emmylou Harris “The Crooked Line” et la vaise empruntée à Bing Crosby, “Changing Partners”. Soit un album consistant et frais, mettant en avant la voix de Costello, expressive comme rarement.
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